Analyse détaillée du retrait des forces de paix russes du Karabakh, marquant une évolution significative dans la géopolitique du Caucase.
Contexte historique du déploiement russe au Karabakh
En 2020, suite à un accord de cessez-le-feu mettant fin à six semaines de combats intenses entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, la Russie déploya près de 2 000 soldats dans la région disputée du Karabakh. Ce mouvement visait à stabiliser la zone et à maintenir la paix entre les deux ennemis historiques, sous l’égide de Moscou considérée comme une puissance médiatrice traditionnelle dans la région.
Toutefois, l’offensive éclair de l’Azerbaïdjan en septembre dernier a mis en lumière l’échec de la mission de paix russe. En quelques heures, les forces arméniennes séparatistes furent largement défaites, entraînant une reconsidération de la présence militaire russe. Cette semaine, le Kremlin a confirmé le retrait de ses troupes, emportant avec elles armes et matériels, et abandonnant un espace d’influence qu’elle dominait depuis des siècles.
Répercussions du retrait sur la population locale
Le départ russe est perçu comme une trahison par de nombreux Arméniens, exacerbant leur détresse et leur sentiment d’abandon. Plus de 100 000 Arméniens ont fui le Karabakh suite à l’offensive azerbaïdjanaise, et beaucoup voient dans ce retrait la fin de tout espoir de retourner un jour chez eux. Des citoyens comme Iveta Margaryan expriment ouvertement leur désillusion vis-à-vis de la Russie, soulignant un sentiment de trahison profonde.
Le retrait russe reflète un repositionnement stratégique en raison de son implication dans d’autres conflits, notamment en Ukraine, réduisant ainsi sa capacité à maintenir son influence dans le Caucase. L’Azerbaïdjan, renforçant ses liens avec la Turquie, et l’Arménie, se rapprochant de l’Occident, redéfinissent le paysage géopolitique régional. L’Armenie a même gelé sa participation dans l’organisation dirigée par Moscou, la CSTO, et rejoint la CPI contre les souhaits de la Russie.
Conséquences pour la Russie et la région
L’érosion de l’influence russe dans le Caucase pourrait remodeler les équilibres de pouvoir locaux et internationaux. La Russie voit ses « pieds historiques » dans la région compromis, tandis que les acteurs occidentaux, comme les États-Unis et l’Union européenne, ainsi que des pays comme la France, intensifient leur soutien à l’Arménie, signifiant potentiellement une nouvelle ère de dynamiques dans le Caucase.
Avec la Russie jouant désormais un rôle secondaire, les efforts de paix sont susceptibles d’être dirigés par d’autres puissances mondiales. Cela soulève des questions sur la future stabilité de la région et la capacité des acteurs locaux à négocier une paix durable sans l’ombre protectrice, quoique controversée, de la Russie.